''Je suis la colonne vertébrale de George. Je l'avoue, je peux le faire souffrir plus que toute autre partie de son corps. Les douleurs que je lui inflige sont les contrecoups de ses mauvais traitements. Le plus drôle, c'est que le cher homme pourrait fort bien se guérir seul de presque tous ces maux.
Quantité de causes diverses peuvent être à l'origine des douleurs qui se manifestent: une infection des reins, de la prostate ou du foie, de l'arthrite et diverses infections, voire tout simplement des émotions!
Sous le coup d'une forte émotion, les muscles se contractent et, si cette légère contracture persiste pendant plusieurs jours, il en résulte une douleur lancinante. Puis, les ennuis réglés, la souffrance disparaît.
Mes 7 vertèbres cervicales, les premières en partant du haut, sont capables d'une extraordinaire variété de mouvements. Outre qu'elles supportent la tête, elles fléchissent en avant ou en arrière et pivotent de 180o à droite ou à gauche.
Les 12 vertèbres suivantes n'ont pas la même mobilité et rare sont les maux qui affectent cette région.
Viennent ensuite les 5 vertèbres lombaires, porteuses de la majeur partie du poid du corps de George, puis les 5 vertèbres sacrées, soudées en un seul os et enfin, les 4 petites vertèbres atrophiées qui forme le coccyx, vestige de la queue des ancêtres de l'homme. C'est tout ce segment inférieur qui es le gros point noir.
Quand George a mal au dos, il dit volontier qu'un de ses disques s'est déplacé. Il se trompe
bien que ce genre d'accident pourrait fort bien lui arriver. Différentes lésions menacent les disques intervertébraux. Une secousse brutale (accident de voiture, chute grave) peut réduire en bouillie l'un d'eux, généralement situé au bas de la colonne lombaire.
Un traumatisme moins violent peut provoquer la rupture de l'enveloppe solide du disque et là hernie du contenu gélatineux. Il en résulte de vives souffrances. La substance comprime le nerf irrité et provoque un spasme brutal d’un de mes muscles. C’est de sa part un réflexe de défense: pour me protéger de tout nouveau dommage, il s’efforce de me garder immobile.
Ce spasme musculaire a pour effet de déformer le corps, qu’il incline de côté ou courbe en avant. Presque toujours la rupture du disque affecte le nerf sciatique qui passe dans la fesse, la cuisse et dont les rameaux atteignent l’extrémité du pied, si bien que la douleur qu’il occasionne peut s’irradier jusqu’aux orteils!
Les douleurs dorsales de George sont dues à une faiblesse dans le système compliqué (400 muscles et 1000 ligaments) qui me permet de soutenir l’organisme dont les efforts exagérés qu’on lui demande.
Depuis quelque temps, les abdominaux de George perdent de leurs tonus. Ce sont donc les dorsaux qui doivent se charger de ce supplément de poids.
À 47 ans, George n’a pas appris à s’asseoir correctement: il s’affale sur des divans et fauteuils trop rembourrés. Lui, il se repose peut-être, mais pas ses muscles! Ils sont obligés de faire un effort supplémentaire pour maintenir quelque ordre dans les vertèbres. Son siège de bureau? Une véritable calamité! Chaque jour, il inflige la même fatigue aux mêmes muscles.
Mes bras et mes jambes sont des leviers. Moi pas. En principe je dois rester droite. Pour jeter une bûche sur le feu ou soulever un objet lourd, George devrait s’accroupir pour que ce soit ses jambes qui exercent la majeure partie de l’effort.
Malheureusement, le déclin a commencé dès sa vingtième année: ils se sont ramollis et ont perdu de l’élasticité. N’ayez crainte, ils peuvent fort bien fonctionner de façon tout à fait satisfaisante pendant de longues années, mais ils ne supporteront plus d’être traités sans ménagement.
La région cervicale a aussi ses ennuis, La rupture des disques occasionnant des douleurs du bras est rare. Le torticolis a pour cause une inflammation ou une élongation des muscles ou des ligaments du cou.
Les os, on le sait, deviennent plus fragiles avec l’âge. C’est ce qui arrive présentement à mes vertèbres: elles se décalcifient. Comme en même temps mes disques se ramollissent, le dos de George se voûte. Il aura sûrement le dos rond des vieillards.
Pour éviter une foule de tracas dans le futur, George devrait vérifier si j’ai une bonne attitude: debout appliquer son dos au plus près du mur, une main derrière la chute des reins. En principe, l’espace doit en être fortement réduit, mais plus il est grand, plus je suis incurvée, probablement en raison d’une faiblesse musculaire. La faiblesse musculaire, voilà le grand coupable! Quelques minutes de gymnastique quotidienne, de faire un peu plus attention à sa façon de se tenir, de choisir un lit et des sièges plutôt durs pour assurer mon bien-être. Qu’il me traite bien, et je lui rendrai la pareille’’.
Extrait de Votre corps et vous, par J.D. Ratcliff. Sélection du Reader's Digest, 1975
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